Pour sa première exposition en solo à la Galerie Hugues Charbonneau, Cynthia Girard-Renard propose un corpus d’œuvres réalisé lors d’une résidence du CALQ à Paris en 2015 et présenté à l’automne dernier à Porto, Portugal, sous le titre Les Sans-culottes. Cette série est pour l’occasion augmentée par de nouvelles œuvres alors que ses marionnettes, bannières et peintures ont été reprises et complexifiées par Girard-Renard. Elle prend comme point de départ la Révolution française pour opérer un retour critique sur la pensée révolutionnaire dans un contexte néolibéral d’austérité.

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La revanche des Sans-culottes emprunte ses ressorts irrévérencieux et comiques au genre caricatural de la satire sociale du 18e siècle en France qui a particulièrement influencé l’artiste dans le cadre de ce projet. Le titre de l’exposition fait référence au nom donné par mépris, lors de la Révolution française, au costume des manifestants populaires qui arborait le pantalon ou la jupe rayés plutôt que la « culotte », symbole vestimentaire de l’aristocratie d’Ancien Régime. Girard-Renard met véritablement en scène l’affrontement entre monarchie et peuple à travers un éventail d’œuvres qui rejouent l’excès et la décadence de la cour de Marie-Antoinette et de Louis XVI qu’elle met en parallèle avec l’insatiabilité des oligarques et millionnaires actuels. L’industrie du luxe, la mode, la finance entrent ainsi en collision avec la menace de la dette en Grèce et les mesures d’austérité servies comme un coup de bâton de guignol entre autres au Québec et à travers la zone euro.

Dans la Galerie, Le petit théâtre du grand capital (2016) illustre cet affrontement entre le 1 %, qui ne semble que changer de visage au fil du temps, et le 99 % restant. Marionnettes et accessoires en papier mâché y reprennent les codes burlesques et scabreux du Théâtre du Grand-Guignol, actif à Paris de 1896 à 1963. Le rideau scénique Sous les pavés, la plage (2015) renvoie pour sa part à un slogan de Mai 68 et laisse flotter ces quelques mots dans l’exposition comme un pont avec 1789, mais aussi comme une recherche de cette fougue révolutionnaire, de ce refus d’un règne de la médiocrité.

For her first solo exhibition at Galerie Hugues Charbonneau, Cynthia Girard-Renard proposes a body of work created during the CALQ residency in Paris in 2015 and presented last fall in Porto, Portugal, under the title Les Sans-culottes. For the present exhibition, the series has been enlarged to include several new works, and already-existing puppets, banners and paintings have been complexified and reused. Girard-Renard’s starting point is the French Revolution, from which she develops a critical reflection on revolutionary thought in our current context of neoliberal austerity.

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La revanche des Sans-culottes borrows its irreverent and comical energy from the caricatural social satire genre in 18th century France, an important influence for Girard-Renard during the development of the project. The title of the exhibition refers to the derogatory moniker applied to working-class protesters, that wore trousers or striped skirts, rather than the “culotte”, knickers favored by the Ancien Régime aristocracy. Girard-Renard stages confrontations between the monarchy and the people through an array of works depicting the decadence of Marie-Antoinette and Louis XVI’s court, which she compares to the voracity of today’s oligarchs and millionaires. The luxury industry, fashion, and finance collide with the threat of debt in Greece and the ubiquitous austerity that clobbers us in Québec, Europe and elsewhere – not unlike Punch’s beating-stick.

In the gallery space, Le petit théâtre du grand capital (2016) depicts this confrontation between the 99% and the elusive and shapeshifting 1%. Puppets and papier mâché props adopt the burlesque and ribald codes of the Théâtre du Grand-Guignol, active in Paris from 1896 to 1963. For its part, the theatrical curtain of Sous les pavés, la plage (2015), a reference to the famous May 1968 slogan, acts as a bridge between the exhibition and 1789, invoking past revolutionary ardor and defiantly taking a stand against mediocrity’s dominion.